À Parakou, la cité des Kobourous, s’est teintée de rouge pendant deux jours. Rouge pour la dignité menstruelle. Rouge pour les voix qui se sont levées. Rouge pour un numérique plus juste. La Cité Menstrues’Actions 2025 s’est tenue autour du thème : « Nos menstrues en ligne : visibles, respectées, libérées. »
L’événement a rassemblé des participant·e·s, des organisations de la société civile, des bénévoles, des leaders communautaires et plusieurs autorités institutionnelles, tous mobilisés pour briser les tabous, lutter contre les violences numériques et replacer la parole menstruelle au cœur de l’espace public et digital.
Une ouverture institutionnelle suivie d’un panel inaugural fort

La première journée s’est ouverte par une cérémonie marquée par des discours engagés, rappelant la nécessité de construire un environnement physique et numérique où les personnes menstruées sont protégées, valorisées et entendues.
Juste après, un panel inaugural a lancé les échanges. Les discussions ont porté sur les violences numériques liées aux menstrues : moqueries, désinformation, intimidations… et sur les moyens concrets de restaurer le respect en ligne pour les personnes menstruées. Ce moment a posé les bases de l’événement : le numérique peut devenir un espace de libération si nous le transformons ensemble.

Une mobilisation exceptionnelle : 26 OSC engagées
Au total, 26 organisations de la société civile ont participé à la Cité Menstrues’Actions, venant apporter leur expertise, leurs idées et leur engagement. Elles ont contribué à nourrir les échanges, enrichir les panels et participer aux différentes activités de la cité.

La visite des stands a permis de mettre en lumière certaines initiatives concrètes. Ces espaces ont été l’occasion pour le public de découvrir des messages, outils et projets autour de la dignité menstruelle :
• parler des menstrues avec respect et sans tabou ;
• informer sans juger ;
• dénoncer les violences numériques ;
• proposer des pistes d’action pour transformer les pratiques au quotidien.

Cette combinaison d’engagement collectif et de présentation concrète des actions sur le terrain a montré que la dignité menstruelle n’est pas qu’une idée : c’est un travail quotidien, soutenu par des acteurs profondément investis dans leurs communautés.
Des sessions parallèles pour libérer la parole et approfondir les réalités

Les sessions parallèles ont ensuite ouvert des espaces plus confidentiels, où les participant·e·s ont pu partager leurs expériences : douleurs ignorées, honte inculquée, commentaires humiliants en ligne, manque d’éducation menstruelle, moqueries en milieu scolaire ou communautaire…
Quatre thématiques ont guidé les discussions :
• Dignité menstruelle : changer le cadre conceptuel et politique autour des menstrues.
• Ménopause : briser le silence autour des corps des femmes de tous âges.
• Violences menstruelles : exposer et combattre les violences en ligne, à l’école et au travail.
• Handicap et inclusion : co-concevoir des espaces réellement accessibles.

Certaines interventions ont provoqué de véritables prises de conscience. D’autres ont permis de déconstruire des idées solidement ancrées. Ces espaces ont incarné le thème : rendre visible ce qui était invisibilisé, rétablir le respect, libérer ce qui était retenu.
Table ronde interactive : Témoignages et récits de personnes menstruées

La deuxième journée s’est ouverte par un brief collectif où les groupes ont partagé les moments marquants de la veille. Ce retour commun a permis d’aligner les idées et de raviver l’énergie pour la suite. Pour approfondir la réflexion sur les expériences vécues, une table ronde interactive a été organisée, offrant un espace privilégié pour écouter et partager.
Le public a eu l’occasion de poser des questions, d’interagir avec les intervenant·e·s et de s’immerger dans les vécus réels des personnes menstruées. Les échanges ont permis de mettre en lumière :
• les défis quotidiens rencontrés par les personnes menstruées,
• les violences numériques et sociales,
• l’importance de créer des environnements inclusifs et respectueux.
Ce moment a offert une expérience d’écoute active, donnant voix à celles et ceux que l’on entend trop rarement, et préparant le terrain pour le talk féministe qui a suivi, riche en analyses et en propositions d’action.
Le talk féministe qui a suivi a abordé différents aspects du sujet. Les échanges ont porté sur les violences numériques, le harcèlement menstruel, les injures sexistes, le slut-shaming, ainsi que le poids du patriarcat dans la perception des corps menstruants. Un moment sans filtre, où des vérités longtemps tues ont été dites avec courage.
Atelier de co-création : produire des contenus pour rendre les menstrues visibles en ligne

Pour prolonger le thème dans l’action, un atelier créatif a réuni les participant·e·s, les OSC et l’équipe communication de la FJAD. Ce n’était pas une simple formation, mais un véritable espace de co-construction. Ensemble, ils ont :
• co-écrit des messages de sensibilisation ;
• tourné des vidéos ;
• partagé leurs vécus ;
• conçu des visuels débarrassés de tabous ;
• enregistré des capsules inspirées de leurs réalités personnelles.
Ces contenus seront diffusés sur les réseaux personnels et communautaires, permettant à la campagne de continuer en ligne avec des voix authentiques. Ainsi, le thème a pris vie : rendre les menstrues visibles, respectées, libérées… par celles et ceux qui les vivent.
La Grande Soirée Rouge : une clôture artistique et symbolique

La Cité Menstrues’Actions s’est clôturée avec la Grande Soirée Rouge, un moment artistique, engagé et profondément symbolique. Entre performances, projections, récitations et messages puissants, Parakou a affirmé haut et fort : « Nos menstrues ne seront plus tues. »

La soirée a notamment proposé la projection d’un docu-film immersif basé sur les vécus menstruels recueillis lors de la collecte de données menée à Parakou. Les artistes présents ont porté la cause avec intensité, et le public a vibré à l’unisson.

C’est également au cours de cette soirée que les deux gagnantes du challenge “Je Suis Menstrues” ont été annoncées, sous les applaudissements de l’assemblée. Ils ont reçu leurs chèques-cadeaux, symboles d’encouragement à poursuivre leurs engagements créatifs et militants. Une clôture lumineuse, collective, rouge de dignité.

Une dynamique qui ne s’arrête pas à Parakou
La Cité Menstrues’Actions Parakou 2025 n’a pas seulement réuni des personnes.
Elle a créé un mouvement. Un mouvement pour :
• faire des réseaux sociaux un espace de respect ;
• combattre les violences numériques ;
• porter la parole menstruelle sans honte ;
• éduquer, informer et libérer.

À Parakou, la cité des Kobourous, une graine a germé. Elle continuera de s’étendre, en ligne et hors ligne, grâce à toutes celles et ceux qui ont participé.

